Dans un paysage dantesque, une femme gît en position fœtale, les yeux clos, le corps abandonné à moitié immergé dans l’eau. Elle porte un maillot, mais débarrassée de ses habits, elle semble s’être libérée des limites qui discipline et dirige son corps en société. Elle s’est déshabillée au sens propre comme au sens figuré. Les poses des baigneurs sont toujours décontractées, dans un autre contexte elles passeraient pour impudiques. Pas de porte-serviette ou de banc pour poser ses affaires, pas de billet d’entrée à payer, aucun règlement à respecter.
À l’antiquité, sources, fleuves, grottes et lacs étaient l’objet de cultes peuplé de nymphes, génies et autres entités animistes. Les thermes, d’où le feu souterrain et l’eau jaillissent ensemble, étaient considérés des lieux particulièrement puissants et sacrés. Bien avant que les Romains commencent à codifier et à institutionnaliser les pratiques thermales, les Étrusques se baignaient dans ces mêmes sources, dans une fusion animiste et directe avec les éléments naturels. Depuis plus de 2000 ans, dans l’ancien territoire étrusque, on assiste à la continuité de ces pratiques thérapeutiques, véritables rites indisciplinés. L’individu y abandonne le fardeau de l’habit social pour se redécouvrir partie intégrante de l’écosystème qui l’héberge.